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Poèmes
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Ce que Tu esLe PontToi

Toi

Poème de Malek Jân Ne’mati

Traduit par Leili Anvar, extrait de Malek Jân Ne’mati, La vie n’est pas courte mais le temps est compté, Paris : éditions Diane de Selliers, 2007.

Récitante : Leili Anvar
Illustrations et réalisation graphique : André Marzuk
Musique : Renaud Garcia-Fons
Zarb (percussion Iranienne) : Zia Mirabdolbaghi
Prise de son et mixage : François de Raugan

Toi

Où que je regarde, il n’y a que Toi
L’unique sans égal, le sauveur, c’est Toi

Le toit, la porte, la fenêtre, Toi
En dehors de Toi, rien, excepté Toi

En quelque forme que Tu te révèles
Rien n’est hors de Toi et Toi tu es Toi

C’est Toi qui m’as pris la vue qui voit double
Toi qui m’a montré l’unicité, Toi

Le ciel et la terre, l’ici, l’au-delà
Ô Toi sans pareil, Toi, tout n’est que Toi

Celui qu’on désire, celui qui désire
Ne sont qu’un tous deux, ils ne sont que Toi

Et dans l’oraison, le but et l’orant
L’Être nécessaire, tous, ne sont que Toi

Louange à Ta gloire, gloire à Ta puissance
Tu es seul disciple et maître à la fois

De quel secret voile t’es-tu entouré
Pour qu’à ma conscience, Tu restes caché

Toi ?

Ce que Tu es

Poème de Malek Jân Ne’mati

Traduit par Leili Anvar, extrait de Malek Jân Ne’mati, La vie n’est pas courte mais le temps est compté, Paris : éditions Diane de Selliers, 2007.

Récitantes : Leili Anvar & Julie Sarraut
Illustrations : Cécile Willers
Musique : Renaud Garcia-Fons
Zarb (percussion Iranienne) : Zia Mirabdolbaghi
Prise de son, mixage et réalisation vidéo : François de Raugan

      Ce que Tu es

Tu es l’allumette

et la lampe

Le jardinier

et le jardin

Tu es rossignol

tu es chant

Bouton de rose

parfum flottant

La guerre et la paix

en même temps

A chaque heure

et chaque instant

Tu déploies

tes mille couleurs

Tu es le miroir

aux merveilles

Présent et absent

sans pareil

Le pont

Victor HUGO, Recueil : Les Contemplations 

Récitant : François Marthouret
Création graphique et vidéo : François de Raugan
Musique : Renaud Garcia-Fons, Aigues Mortes de l’album Méditerranées, label Cézame
Luth : Claire Antonini

Le pont

J’avais devant les yeux les ténèbres. L’abîme
Qui n’a pas de rivage et qui n’a pas de cime,
Était là, morne, immense ; et rien n’y remuait.
Je me sentais perdu dans l’infini muet.
Au fond, à travers l’ombre, impénétrable voile,
On apercevait Dieu comme une sombre étoile.
Je m’écriai : — Mon âme, ô mon âme ! il faudrait,
Pour traverser ce gouffre où nul bord n’apparaît,
Et pour qu’en cette nuit jusqu’à ton Dieu tu marches,
Bâtir un pont géant sur des millions d’arches.
Qui le pourra jamais ! Personne ! ô deuil ! effroi !
Pleure !
— Un fantôme blanc se dressa devant moi
Pendant que je jetai sur l’ombre un œil d’alarme,
Et ce fantôme avait la forme d’une larme ;
C’était un front de vierge avec des mains d’enfant ;
Il ressemblait au lys que la blancheur défend ;
Ses mains en se joignant faisaient de la lumière.
Il me montra l’abîme où va toute poussière,
Si profond, que jamais un écho n’y répond ;
Et me dit : — Si tu veux je bâtirai le pont.
Vers ce pâle inconnu je levai ma paupière.
Quel est ton nom ? lui dis-je. Il me dit : — La prière.

Jersey, décembre 1852.